Bouquet spirituel:
10 décembre
Cette vierge illustre, qu'il ne faut pas confondre avec son homonyme, sainte Eulalie de Barcelone (12 février), naquit à Mérida (Estrémadure), alors métropole de la Lusitanie, de parents nobles et chrétiens. Son père la fit instruire dans la foi dès sa plus tendre jeunesse avec une autre vierge nommée Julie. Le plus grand plaisir d’Eulalie était d’entendre raconter les combats des martyrs et leurs triomphes. Et lorsqu’elle entendait parler des merveilles opérées par les saints, elle demandait s’ils avaient été martyrs.
Vers cette époque, Dacien, un des plus redoutables exécuteurs des violences impies de Maximilien-Hercule, était arrivé en Espagne pour y poursuivre les chrétiens. En apprenant cela Eulalie fut prise d’un ardent désir de confesser sa foi et de rendre au Christ le témoignage de sa parole et de son sang. Ses parents, témoins de cette ardeur du martyre, craignirent que leur fille n’allât se produire d’elle-même, et l’envoyèrent en dehors de la ville, dans une maison de campagne.
Cependant Dacien vint à Mérida et y laissa son lieutenant Calpurnien. Trompant la vigilance de sa mère à la faveur des ténèbres, Eulalie s’en vint a Mérida avec Julie, sa fidèle compagne. Elle arriva sur le forum, où était érigé le tribunal. L’enfant franchit les rangs de l’assistance, parut devant le juge et l’interpella, en lui demandant pourquoi il persécutait ainsi les serviteurs du vrai Dieu. Calpurnien demanda qui était cette insolente jeune fille. Quand il apprit que c’était la fille d’un notable de Mérida, il tâcha de l’engager par la douceur et les promesses à brûler de l’encens devant l’image des dieux. L’enfant répondit en donnant un grand coup de pied à l’idole.
Il n’en fallait pas tant pour provoquer la sentence de mort. Fou de rage, Calpurnien commanda de dépouiller Eulalie et de lui déchirer les flancs avec des ongles de fer. Les bourreaux promenèrent ensuite sur ses plaies des torches ardentes; et sa chevelure qui lui servait de voile prit feu. Enfin on la porta sur un bûcher où elle acheva bientôt son martyre; on la vit ouvrir la bouche comme pour avaler la flamme, et en même temps, on vit sortir son âme sous la figure d’une colombe qui s’envola vers le Ciel, le 10 décembre.
Le tyran ordonna qu’on laissât le corps d’Eulalie exposé pendant trois jours aux insultes des hommes et des animaux, mais la divine Providence le couvrit d’un manteau de neige. Il fut ensuite inhumé avec beaucoup d’honneur par les chrétiens. Depuis, il a été transféré à Oviédo où on l’honore dans la grande église.
J.-M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, 2e éd. Paris, 1946