Vies des Saints
nos modèles et nos protecteurs

Bouquet spirituel:

«Vous êtes Mes amis, si vous faites ce que Je vous commande.»

S. Jean 15, 14

6 août

Saints Juste et Pastor
Saints Juste et Pastor

Saints Juste et Pastor
Enfants Martyrs
(† 304)

Les deux frères Juste et Pastor sont cités parmi les martyrs les plus célèbres de l’Espagne. Ils habitaient la ville de Complutum; leurs parents chrétiens leur faisaient suivre les classes de la ville.

Un jour, le bruit se répandit que le cruel Dacien, le persécuteur des chrétiens en Espagne, était arrivé dans la ville; il avait déjà commencé à y faire des perquisitions et à proférer des menaces. Quand les deux petits garçons en eurent connaissance, ils abandonnèrent leurs livres et leurs tablettes, pour courir au lieu du supplice. Arrivés près du gouverneur, ils examinèrent attentivement ce qu'il allait faire. Les païens remarquèrent ces enfants, et dirent à Dacien que deux petits chrétiens se trouvaient là, qu'ils étaient venus d'eux-mêmes pour se livrer entre ses mains, et se déclarer publiquement disciples de Jésus-Christ.

À cette nouvelle, Dacien entra dans une grande colère. Il ne voulait pas les interroger, car il craignait qu'une profession de foi courageuse ne gagnât des témoins au christianisme. S'il ne parvenait pas à les faire changer de résolution, on dirait, pensait-il, qu'il s'était laissé vaincre par des enfants; son prestige et son autorité pourraient en souffrir. Il fit donc saisir les deux petits garçons, sans jugement préalable, et ordonna de les frapper cruellement. Juste, le plus jeune, avait sept ans; Pastor en avait neuf.

Pendant que l'on exécutait l'ordre du préfet, les deux enfants s'encourageaient mutuellement:

«Ne crains rien, mon frère, disait le plus jeune; ne redoute pas ces tortures et ces coups. La grâce de Jésus-Christ nous fera bientôt parvenir à Son royaume; elle fortifiera notre faiblesse. Ici, parmi les hommes, notre vie sera courte; et là-haut, nous vivrons éternellement.

– Tu as raison, cher Juste, répondit Pastor; je meurs volontiers avec toi pour aller à Jésus-Christ. Répandons joyeusement notre sang pour Celui qui a versé tout le Sien pour nous.»

C'est ainsi que les pieux enfants s'encourageaient à souffrir; mais les soldats entendirent ces paroles, et les répétèrent à Dacien. Celui-ci en fut alarmé; et craignant que les chrétiens ne s'attachassent davantage à la foi, il ordonna de décapiter les deux enfants.

Devant la ville, il y avait un champ très fertile, qu'on appelait «digne de louanges»; on y voyait une large et grande pierre, près de laquelle on amena les petits garçons. Quand on les eut couchés sur cette pierre, elle devint molle comme de la cire, et garda l'empreinte de leurs mains et de leurs pieds. C'est là qu'ils furent décapités, l'an 304.

Des païens présents à l'exécution virent Notre-Seigneur Jésus-Christ, entouré de Ses Anges, descendre du Ciel, et emporter les âmes des saints confesseurs, pour les conduire au séjour des élus.

Informé de ce fait, Dacien n'osa plus citer devant son tribunal aucun chrétien de Complutum; il se hâta même de quitter la ville.

Après son départ, les chrétiens prirent les saints corps des enfants, et les enterrèrent religieusement. Mais, au bout de quelque temps, leurs tombeaux furent délaissés; et ce ne fut que plus tard, que saint Asturius, évêque de Tolède, retrouva leurs saintes dépouilles. Il se rendit en personne à Complutum, et fit bâtir une cathédrale au lieu même où ils avaient été exécutés.

On y voit encore leur beau tombeau, la pierre sur laquelle on leur trancha la tête, et quelques restes de leurs dépouilles. Cette ville porte maintenant le nom d'Alcala de Hénarès.

R.P. G. Hattler, s.j., Le Jardin des enfants, Tours, Société de Saint-Augustin, 1880

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