Bouquet spirituel:
13 janvier
Véronique naquit à Binasco, près de Milan. Elle appartenait à une pauvre famille de laboureurs, plus riche en vertus qu'en biens de la terre. À cause de leur pauvreté, ses parents durent l'employer de bonne heure aux travaux des champs; mais au lieu d'écouter les conversations mondaines et les chansons légères, elle vaquait à l'oraison et à la prière et semblait étrangère à tout ce qui se passait autour d'elle. Cette fleur de vertu devait s'épanouir dans la vie religieuse.
Poussée par un ardent désir d'entrer chez les soeurs Augustines de Sainte-Marthe, à Milan, Véronique employa une partie de ses nuits pour apprendre à lire et à écrire, condition nécessaire à son admission dans le couvent. Ses efforts furent vains, et, découragée, elle se plaignit à la très Sainte Vierge, qui lui apparut et lui dit: "Ma fille, sois sans inquiétude; il te suffira de connaître les trois lettres que Je t'apporte du Ciel. La première est la pureté du coeur, qui nous fait aimer Dieu par-dessus toutes choses; tu ne dois avoir qu'un amour, celui de Mon Fils. La seconde est de ne pas murmurer contre les défauts du prochain, mais de les supporter avec patience et de prier pour lui. La troisième est de méditer chaque jour la Passion de Jésus-Christ, Lequel t'accepte pour Son épouse." Dès lors, Véronique ne fit plus cas de l'alphabet ni des livres, mais elle avait trouvé le chemin de la vraie science, celle des Saints.
Reçue enfin parmi les soeurs converses de Sainte-Marthe, elle se distingua parmi elles non seulement par les vertus les plus éclatantes, mais par les dons les plus extraordinaires. Ses yeux étaient deux sources intarissables de larmes. Souvent le Sauveur lui apparaissait; une fois Il récita l'office avec elle; une autre fois, Il Se montra devant elle cloué à la Croix, la tête couronnée d'épines, le visage pâle et défiguré, le corps couvert de plaies; cette vue la fit tomber en défaillance. Les démons la tourmentèrent en mille manières, cherchant à décourager une vertu aussi héroïque; mais leurs attaques ne servirent qu'à augmenter ses mérites.
Chaque jour, pendant une année, le Saint honoré chaque jour par l'Église lui apparaissait et l'instruisait. Les Anges se faisaient un honneur de la servir; et, durant les trois années qui précédèrent sa mort, un de ces esprits célestes lui apportait, le lundi, le mercredi, et le vendredi de chaque semaine, un pain qui la rassasiait et la dégoûtait de toute autre nourriture. Sa vie, toute de merveilles, fut couronnée par une mort sainte, dont elle avait prédit le jour et l'heure.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950