Bouquet spirituel:
3 septembre
Sainte Séraphie ou Sérapie naquit à Antioche, de parents chrétiens, qui passèrent bientôt en Italie. C'est là que la jeune fille devint orpheline. Pour éviter les obsessions de ceux qui la recherchaient en mariage, elle vendit tous ses biens, en donna le prix aux pauvres et se vendit elle-même comme esclave pour vivre au service d'une dame romaine nommée Sabine.
La douceur de Séraphie, sa docilité, son amour pour le travail, sa charité, lui gagnèrent l'affection de sa maîtresse, et elle en profita pour l'attirer à Jésus-Christ. Elle réussit à lui faire comprendre la folie des superstitions du paganisme, plus encore par ses exemples que par ses paroles. Sabine reçut le baptême dans les sentiments de la foi la plus vive, et se consacra au service de Dieu. Sabine n'était pas la seule conquête de Séraphie; aussi cette dernière fut-elle dénoncée comme propagatrice de la foi de Jésus-Christ et saisie par les soldats romains. Sabine ne voulait point se séparer d'elle; mais elle ne subit le martyre que plusieurs années après.
"Sacrifie aux dieux, dit le juge à Séraphie.
-- Je crains et j'adore le Dieu tout-puissant, répond la courageuse vierge; quant à vos dieux, ils sont des démons, un chrétien ne peut les adorer.
-- Eh bien! Sacrifie à ton Dieu sur cet autel!
-- Je lui offre chaque jour le sacrifice qu'Il aime.
-- Où est le temple de ton Christ, et quel sacrifice Lui offres-tu?
-- Je suis moi-même Son temple, si je suis pure; je Lui offre le sacrifice d'une vie sainte et les âmes que je convertis à la foi."
Le juge eut alors l'idée diabolique de la corrompre: mais Dieu sut la protéger. Le lendemain elle opéra un grand miracle en présence d'une foule de personnes.
"Apprends-moi tes secrets magiques, Séraphie, dit le juge, et tu seras mise en liberté.
-- Je ne connais point la magie, mais je suis chrétienne, et mon Dieu accorde des merveilles à ceux qui Le prient.
-- Sacrifie, ou tu vas mourir.
-- Fais ce que tu voudras, je suis chrétienne."
Séraphie fut alors battue de verges. Pendant que le juge cruel présidait à ce supplice, un éclat de verge lui sauta dans l'oeil et le blessa grièvement, si bien qu'il perdit l'oeil complètement, trois jours après. La jeune martyre fut aussitôt condamnée à avoir la tête tranchée. C'était le 29 juillet 119. Sabine recueillit son corps comme un trésor inestimable, l'embauma et lui donna la sépulture dans le tombeau qu'elle avait préparé pour elle-même.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950