Vies des Saints
nos modèles et nos protecteurs

Bouquet spirituel:

26 janvier

Sainte Paule
Sainte Paule

Sainte Paule
Veuve
(347-404)

Parmi les femmes destinées à jeter un dernier rayon sur la noblesse romaine, la plus illustre fut Paule, dont la mère descendait des Scipions et de Paul-Émile. Après avoir reçu une éducation digne de son antique race et de sa grande fortune, elle épousa Toxotius, qui était de la famille de Jules César, et eut un fils et quatre filles. Devenue veuve à vingt-deux ans (369), elle demeura longtemps inconsolable, et cédant aux sollicitations de sainte Marcelle, se consacra au Seigneur par l’exercice des vertus qui lui sont le plus chères. Sa libéralité se répandit largement autour d’elle: toujours occupée du soin de découvrir les malheureux, elle se serait reprochée de ne point les soulager à temps dans leurs misères, se dépouillant par avance sur la terre, afin de s’assurer, à elle et aux siens, l’héritage du Ciel.

Ce fut à son retour d’Orient (381) que saint Jérôme connut Paule; il reçut l’hospitalité dans sa maison, et dès lors commença entre eux cette affection spirituelle si profitable à leurs âmes et aux progrès de la religion. Aux envieux qui osèrent lui en faire un crime, Jérôme répondait: «N’y avait-il dans Rome qu’une femme pénitente et mortifiée qui fût capable de me toucher? une femme desséchée par des austérités continuelles, et qui ne connaissait d’autre passe-temps que l’oraison, d’autres chants que les psaumes, d’autre entretien que l’Évangile, d’autre nourriture que le jeûne?»

La mort de Blésille, sa fille aînée, plongea Paule dans une douleur excessive; cette perte hâta l’exécution du dessein qu’elle avait formé de tout quitter pour aller vivre dans la solitude. En compagnie de sa fille Eustochie, elle s’embarque pour la Syrie (385), visite en passant saint Épiphane dans l’île de Chypre, et rejoint Jérôme à Antioche. Puis, malgré les rigueurs de l’hiver, ils parcourent ensemble la Terre sainte, descendent en Égypte, pénètrent dans le désert de Nitrie, et s’arrachent avec peine aux délices de la vie cénobitique pour revenir en Palestine (386).

Ils se fixent enfin à Bethléem, et pendant que Jérôme entreprend la traduction latine de la Bible, œuvre qu’il dédie à son amie, Paule fonde deux monastères et s’enferme dans celui des femmes, y remplissant les plus humbles offices quand elle ne se remet pas à ses anciennes études sur le grec et l’hébreu. Une vie si pleine fut couronnée par une mort douce (26 janvier 404). «Je lui demandai si elle souffrait, rapporte Jérôme; elle me répondit en grec qu’elle ne voyait rien que de calme et de tranquille. Ce furent ses dernières paroles; ses yeux s’étaient fermés: il n’y avait plus rien sur la terre qui fût digne d’arrêter ses regards.» Saint Jérôme lui fit creuser une tombe dans le roc, et y grava ces mots: «Elle quitta tout pour vivre pauvre à Bethléem auprès de Ta crèche, ô Christ!»

Sainte Eustochie mourut en 419, au même couvent.

La Vies des Saints illustrée pour chaque jour de l’année, Paris, Librairie de Firmin-Didiot et Cie, 1887.