Vies des Saints
nos modèles et nos protecteurs

Bouquet spirituel:

«Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres... puis, viens et suis-Moi.»

S. Matth. 19, 21

16 juin

Sainte Julitte et son fils Cyr
Sainte Julitte et son fils Cyr

Sainte Julitte et son fils
saint Cyr (ou Quiric)
Martyrs en † 304

Les édits de Dioclétien contre le christianisme furent rapidement divulgués jusque dans la Lycaonie, province antique de l’Asie Mineure. Domitien, qui en était gouverneur, les exécuta avec la dernière cruauté.

Ne voulant pas exposer imprudemment sa vie, Julitte, riche dame chrétienne de la famille des rois de l’Asie, quitta les biens considérables qu’elle possédait en la ville d’Iconium, pour se réfugier, avec Cyr, son fils de trois ans, à Séleucie (dans l’actuelle province turque de Hatay); deux jeunes servantes les accompagnaient.

À peine arrivée à Séleucie, elle apprit que le gouverneur, nommé Alexandre, persécutait lui aussi les chrétiens; elle se mit donc en route pour se rendre à Tarse de Cilicie; sur les entrefaites, Alexandre entra dans la ville à peu près en même temps qu’elle. Ayant été reconnue, on l’arrêta avec son fils qu’elle tenait entre ses bras, et on la conduisit devant le tribunal du gouverneur. Ses deux servantes s’enfuirent; mais elles se tinrent à portée, afin d’observer au moins à distance les supplices et le combat de leur maîtresse.

Alexandre demanda à Julitte quels étaient son nom, sa qualité et son pays. Elle ne répondit à ces diverses questions que par ces mots «Je suis chrétienne.» Alors le gouverneur, outré de colère, lui fit ôter son enfant, puis ordonna qu’elle fût étendue et frappée avec des nerfs de bœuf.

Saint Cyr
Saint Cyr

On eut beaucoup de peine à arracher l’innocent enfant des bras de sa mère. Le gouverneur le mit sur ses genoux, essayant de l’apaiser par ses caresses; mais Cyr ne détournait pas ses yeux de sa mère, s’élançant fortement de son côté. Il égratignait le visage odieux du gouverneur et lui donnait des coups de pieds dans l’estomac.  Lorsque sa mère, au milieu des tourments, s’écriait «Je suis chrétienne!», il répétait aussitôt «Je suis chrétien!» Alors le monstre furieux saisit l’enfant par le pied, et, du haut de son siège, le projette à terre, brisant son crâne contre les marches de pierre.  L’innocente victime alla rejoindre le cortège céleste des Saints Innocents.

Julitte, ayant vu la scène, remercia Dieu d’avoir accordé à son fils la couronne du martyre. La joie qu’elle témoignait augmentait encore la fureur du juge. Il ordonna au bourreau d’élever la Martyre et de la suspendre pour l’écorcher vive, puis de verser sur ses pieds de la poix bouillante. Pendant l’exécution, un héraut criait à Julitte: «Aie pitié de toi, et sacrifie aux dieux; délivre-toi de ces tortures, redoute la mort affreuse qui vient de frapper ton fils.»

Mais la bienheureuse Martyre, inébranlable au milieu des supplices, élevait à son tour la voix, et répondait avec une généreuse constance : «Je ne sacrifie point à des démons, à des statues sourdes et muettes; mais j’honore le Christ, le Fils unique de Dieu, Celui par qui le Père a créé toutes choses. J’ai hâte de retrouver mon fils. C’est dans le royaume des Cieux qu’il me sera donné de le voir.» Après cette réponse, le gouverneur voyant qu’il ne pouvait vaincre le courage de sa victime, la condamna à avoir la tête tranchée. Il ordonna de plus que les corps de Julitte et de son fils fussent portés au lieu où l’on jetait les cadavres des malfaiteurs.

Sainte Julitte et saint Cyr
Sainte Julitte et saint Cyr

Les bourreaux fermèrent la bouche de Julitte au moyen d’un bâillon qu’ils attachèrent avec violence, puis ils la conduisirent au lieu de l’exécution. Julitte leur demanda par signe quelques instants pour prier.  Se laissant fléchir, les bourreaux détachèrent le bâillon. Alors la Sainte se mit à genoux, et fit à Dieu cette prière : «Je Vous rends grâces, Seigneur, d’avoir appelé mon fils avant moi, et d’avoir daigné lui accorder, pour la gloire de Votre nom terrible et saint, en échange d’une vie passagère et vaine, la vie éternelle dans le séjour des Bienheureux; recevez aussi Votre indigne servante, et que j’aie le bonheur d’être réunie aux vierges prudentes, à qui il a été donné d’entrer dans la demeure des esprits célestes, où rien de souillé ne peut pénétrer, où mon âme bénira Dieu Votre Père, le Créateur et le Conservateur de toutes choses, ainsi que l’Esprit-Saint, dans les siècles des siècles. Amen.» Au moment où elle achevait sa prière, le bourreau trancha la gorge de la généreuse Martyre. Les deux filles de sa suite enlevèrent secrètement son corps avec celui de son fils, et les enterrèrent dans un champ près de la ville.

Quelques années après la mort de nos saints Martyrs, le grand Constantin mit fin à toutes les persécutions dirigées depuis si longtemps contre les chrétiens, en se déclarant lui-même disciple de Jésus-Christ. Une des servantes de sainte Julitte vivait encore; elle fit connaître le lieu où elle avait déposé les corps des saints Martyrs. On lit dans leurs Actes, que, après cette découverte, «les fidèles du pays s’empressèrent de se procurer quelque portion de leurs reliques, espérant y trouver une sauvegarde contre les accidents de la vie, et qu’ils se rendirent en foule à leur tombeau pour y glorifier Dieu.»

Résumé O.D.M., Mgr Paul Guérin, Les Petits Bollandistes, Vies des Saints, Paris, Bloud et Barral, libraires, septième édition, 1876, T. VII, p. 72-76.

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