Vies des Saints
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Bouquet spirituel:

«Ainsi, vous n'avez pas pu veiller une heure avec Moi?»

S. Matth. 26, 40

24 août

Sainte Émilie de Vialar
Sainte Émilie de Vialar
O.D.M. pinxit

Sainte Émilie de Vialar
Vierge, Fondatrice des
Soeurs de Saint-Joseph de l'Apparition
(1797-1856)

Émilie de Vialar est née le 12 septembre 1797, à Gaillac, dans le sud de la France, et fut baptisée le même jour. À l’âge de treize ans, Émilie fut placée au couvent de l'Abbaye-au-Bois, à Paris, dirigé par les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, fondée par saint Pierre Fourier. Peu de temps après son entrée au pensionnat, elle fit sa première communion. Ce premier contact avec Jésus-Hostie fit une grande impression sur son âme. Elle écrira plus tard: «C'est dès lors que je commençai à aimer Dieu vraiment. Je fus aussi portée à me corriger de l'habitude de mentir, qui était le seul défaut que je me connusse, et que la crainte de me voir grondée par mes parents m'avait fait contracter. Depuis, je n'ai rien tant haï que le mensonge.» Un amour grandissant pour Notre-Seigneur et la préoccupation, pour Lui plaire, de se corriger de ses défauts, peut-on désirer des fruits meilleurs de la sainte communion dans une âme d'enfant?

Deux ans plus tard, son père, devenu veuf, la rappela à la maison de Gaillac. Une amie témoigne: «Déjà Émilie offrait l'exemple de l'attachement à ses devoirs et se montrait d'une bonté toujours égale. Elle n'aima jamais le monde ni ses plaisirs, et elle se plaisait à s'entretenir de Dieu avec moi. Elle avait été vivement impressionnée et profondément affligée d'un acte sacrilège, dont elle avait reçu la confidence de son auteur même. Elle me raconta, en effet, qu'une de ses compagnes, après avoir reçu la sainte Hostie, l'avait ôtée de sa bouche, mise dans un mouchoir, et qu'elle l'avait clouée ensuite sur sa malle. Oh! douloureux prodige! le sang coula sous le marteau! On conçoit l'impression que cette confidence fit sur le cœur d'Émilie, elle si pieuse! Ne serait-ce pas une pensée d'expiation pour ce sacrilège qui s'empara d'elle à ce moment, et qui l'a soutenue dans les épreuves de sa vie?»

«J'ai souffert beaucoup, écrit Émilie, d'une personne de notre maison, par la malheureuse influence qu'elle exerçait contre moi auprès de mon père. Ce genre d'affliction dura vingt ans. Pendant ce temps, le Seigneur me soutenait afin que je supportasse avec patience et résignation des souffrances qui se répétaient à chaque instant. La pensée que je me trouvais où Dieu me voulait faisait toute ma consolation.» Ailleurs, dans ses notes intimes, on lit aussi cette phrase: «Dieu m'inspira, vers ce temps, de souffrir pour Lui les peines que nous occasionnent parfois les personnes qui nous gouvernent.» À ce régime, Émilie apprit donc la vie humble et dévouée, le goût du renoncement parfait qui constituent le nerf et l'âme de la vie religieuse.

Un après-midi, à l'occasion d'une visite au Saint-Sacrement, elle vit Notre-Seigneur étendu sur l'autel les bras en croix: «Ce qui arrêta le plus mes regards, ce furent les cinq plaies que je considérai très distinctement, surtout celle du côté droit...» C'est en cette circonstance qu'elle promit à Jésus de réciter, chaque jour de sa vie, cinq Pater et cinq Ave en l'honneur des cinq plaies, promesse perpétuée par ses filles spirituelles.

Sous la conduite d’un saint prêtre, nommé vicaire à Saint-Pierre de Gaillac, Émilie fit de rapides progrès dans les voies spirituelles. Elle commença à s’occuper des enfants pauvres de la paroisse. Trois jeunes filles, entraînées par son exemple, se joignirent à elle. Non contente de soigner les maux physiques, Mlle de Vialar voyait à l'instruction et à l'éducation de l'esprit et du cœur de ses petits protégés, regroupés dans une maison léguée par sa mère. Puis Émilie s'intéressa aux adultes démunis et visitait les malades. Elle accompagnait de «la bonne parole» la distribution des aliments et des remèdes. C'est ainsi qu'elle ramena à Dieu plusieurs filles et femmes et qu'elle convertit quelques protestants.

À l’âge de 35 ans, Émilie put enfin réaliser sa vocation de fondatrice. Avec la fortune léguée par son grand-père maternel, elle acheta une vaste maison près de l’église Saint-Pierre. Elle et ses premières compagnes s’y installèrent le 25 décembre 1832. D'autres vocations ne tardèrent pas à affluer. Le 19 mars 1833, en la fête de saint Joseph, patron choisi pour le jeune Institut, eut lieu la cérémonie de la prise d'habit; elles étaient au nombre de douze. L'Institut devait être «un ex-voto vivant et perpétuel du grand mystère de l'Incarnation». Il devait honorer d'un culte de reconnaissance la première révélation officielle du mystère de l'Incarnation aux hommes, dans la personne de saint Joseph. Au point de vue social, Émilie de Vialar désirait que sa Congrégation réunit en elle «toutes les œuvres de charité que l'on trouvait éparses dans les divers Ordres existants».

L'Institut devait aussi s'occuper de l'éducation des jeunes filles, riches ou pauvres. En un mot, donner Dieu aux âmes, à toutes les âmes, et donner les âmes à Dieu, tel était l'idéal d'Émilie. Mais cette charité universelle, elle voulait l'exercer aussi et surtout dans les missions étrangères. Dieu lui donnera bientôt le moyen de répondre à ce tout-puissant attrait. Des épreuves providentielles l'obligeront à s'installer dans tout le bassin de la Méditerranée, et à fixer définitivement son siège à Marseille. Elle fut appelée à travailler à l’hôpital construit par son frère à Alger. Elle et ses compagnes débarquèrent en Algérie, le 10 août 1835. Dès leur arrivée, l'épidémie de choléra qui venait de se déclarer prit des proportions effrayantes. Partout, autant qu'elles le purent, les quatre religieuses se dépensèrent sans compter, soignant, consolant, convertissant malades et agonisants qui moururent par milliers. Par une grâce unique, elles sortirent saines et sauves de l'épidémie.

Dieu appelle Émilie de Vialar à un degré élevé de sainteté; Il dispose donc les circonstances qui concourront à la purification de son âme par la pratique héroïque de la vertu. Émilie jouissait des moyens financiers et de la capacité naturelle pour réussir son œuvre de bienfaisance. Le divin Maître décréta l'écroulement de ces avantages humains pour Lui permettre de manifester Sa puissance infinie. La sainte Fondatrice établira 42 maisons de sa congrégation durant sa vie, à travers mille et une tracasseries et épreuves de toutes sortes: persécutions, incompréhensions, défections, fraudes suivies d’interminables procès qui la ruinèrent. L'Institut des Sœurs Saint-Joseph passe donc par le feu de la tribulation et en sort divinisé comme l'or purifié dans la fournaise. La tempête menaçait de tout emporter: sa Congrégation ne fit que s'enraciner plus solidement que jamais.

Au mois d'août 1852, Mère de Vialar rencontra le saint Évêque de Marseille, Mgr Eugène de Mazenod, qui l'accueillit cordialement et comprit sa mission. Sans doute, la Supérieure Générale n'était pas au bout de ses peines, qui ne devaient finir qu'avec sa vie, mais à partir de ce moment, elle trouva, dans la personne de Mgr de Mazenod – fondateur lui-même d'une Congrégation de missionnaires, les Oblats de Marie-Immaculée – un directeur qui ne cessa de la soutenir dans toutes ses pieuses entreprises.

Émilie de Vialar avait contracté une hernie toute jeune, en traînant, pour le distribuer aux pauvres de Gaillac, un sac de blé trop lourd pour ses forces. Cette infirmité, dont la Mère eut à souffrir toute sa vie, fut comme le stigmate divin, imprimé sur sa chair virginale, en récompense de sa charité pour les pauvres. Aggravant beaucoup la difficulté de ses voyages, ce mal, qu'on n'avait pas encore trouvé le moyen de réduire, devait peser sur toute son existence et avancer l'heure de sa mort.

La Servante de Dieu s'endormit doucement dans le Seigneur, le 24 août 1856, en la fête de saint Barthélemy, dix-neuf jours avant ses 59 ans. Le sacrifice de cette vie d'immolation était consommé. Les funérailles de sainte Émilie de Vialar eurent lieu le 26 août, dans l'église Notre-Dame du Mont, à Marseille; sa dépouille fut enterrée dans le cimetière Saint-Charles. Quatre ans plus tard, exhumé pour être transporté dans un tombeau au cimetière Saint-Pierre, le corps de la Fondatrice fut trouvé intact. Mère Baptistine avait eu soin, la veille des funérailles, de faire embaumer le cœur de la vénérée Mère, «ce cœur si charitable, disait-elle, qui avait tant aimé le prochain et pardonné si généreusement les torts qu'on lui avait faits». C'est le 18 juin 1939 qu'eut lieu la béatification d'Émilie de Vialar; Pie XII l'a canonisée le 24 juin 1951.


Prière à sainte Émilie de Vialar

Ô sainte Émilie, bonne et généreuse ouvrière de l'Évangile, nourrie du pain des dures épreuves dont vous avez triomphé par votre confiance illimitée en l'amoureuse bonté divine, obtenez-nous d'aimer et de servir Jésus comme vous L'avez aimé et servi. Ainsi soit-il.


Résumé de l'ouvrage de: Père Clément des Trois-Saints-Coeurs, O.D.M. Sainte Émilie de Vialar, fondatrice des Srs St-Joseph de l'Apparition, Éditions Magnificat, Mont-Tremblant QC, Canada

Liste alphabétique des noms des Saints