Bouquet spirituel:
12 octobre
Un fait extraordinaire signale la naissance de saint Wilfrid; la maison de ses parents semble enveloppée dans un incendie; les voisins, effrayés, accourent pour éteindre le feu, mais ils s'aperçoivent avec admiration que le feu s'élance vers le ciel sans rien consumer. C'est ainsi que brûlera le flambeau du zèle de Wilfrid dans la sainte Église de Dieu.
Tout jeune encore, il résolut de se donner au Seigneur. Après un court séjour dans un couvent, s'apercevant que certains usages, contraires à ceux de Rome, s'étaient glissés dans les cérémonies, il se décida à visiter le tombeau des saints Apôtres, afin de bien discerner la vérité au centre même de la lumière. Wilfrid fut un des premiers Anglo-Saxons qui eurent le bonheur de faire le voyage de Rome, alors si long et si pénible. Bientôt le pieux pèlerin aura beaucoup d'imitateurs, et ce pèlerinage sera en grand honneur en Angleterre, grâce à son exemple.
A Rome, son premier soin est de visiter les tombeaux vénérés et de prier, dans les sanctuaires les plus sacrés, pour la conversion entière de sa patrie. Sa prière est exaucée, car il remplacera lui-même dignement le grand moine et pontife, nommé Augustin, qui, à la voix de saint Grégoire le Grand, avait porté aux Anglo-Saxons les prémices de la foi. Après un séjour de quelques années dans les Gaules, Wilfrid rentre enfin dans sa patrie, où son dévouement aux usages de Rome lui attire des ennemis et des admirateurs. Il n'a que trente ans, quand le pieux roi Alfred lui fait accepter l'évêché d'York.
Sous sa houlette, l'Évangile prend, dans ce pays, un développement merveilleux: les monastères se multiplient, de magnifiques cathédrales s'élèvent sur le sol anglo-saxon; le saint évêque préside lui-même à la construction de ces édifices grandioses qui ravissent d'admiration des populations à demi barbares, chez lesquelles l'on ne connaissait encore que les édifices de bois.
L'évêque civilisateur ne se bornait pas à l'organisation matérielle: il réformait les moeurs de son troupeau et faisait régner, avec Jésus-Christ, la paix, la justice et la charité. Un jour qu'il donnait la confirmation, une pauvre femme le supplia de ressusciter son enfant mort; Wilfrid, ému de ses larmes, bénit l'enfant et lui rendit la vie.
Incapable de céder à la peur et de manquer à sa conscience, le vaillant pontife est déposé et exilé plusieurs fois; on lui rend enfin justice, et il achève sa carrière en paix.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950