Bouquet spirituel:
14 février
La vertu de saint Valentin, prêtre, était si éclatante, qu'il fut arrêté par l'empereur Claude II. Après deux jours de prison, l'empereur le fit comparaître à son tribunal:
"Pourquoi, Valentin, voulez-vous ainsi être l'ami de nos ennemis et rejetez-vous notre amitié?
— Seigneur, dit le prêtre chrétien, si vous saviez le don de Dieu, vous seriez heureux, et votre empire aussi; vous rejetteriez le culte de vos idoles, et vous adoreriez le vrai Dieu et Son Fils Jésus-Christ."
Un des juges, prenant la parole, demanda au martyr ce qu'il pensait de Jupiter et de Mercure:
"Qu'ils ont été des misérables, répliqua Valentin, et qu'ils ont passé toute leur vie dans la débauche et le crime."
Le juge, furieux de cette réponse, s'écria:
"Il a blasphémé contre les dieux et contre l'empire!"
L'empereur continua ses questions avec curiosité, heureux de cette occasion de savoir ce que pensaient les chrétiens; Valentin, de son côté, avait le courage d'exhorter le prince à faire pénitence pour le sang des chrétiens qu'il avait répandu:
"Croyez en Jésus-Christ, lui disait-il, faites-vous baptiser, vous serez sauvé, et dès cette vie vous assurerez la gloire de votre empire et le triomphe de vos armes."
Claude commençait à se laisser persuader, et dit à ceux qui l'entouraient:
"Écoutez la belle doctrine que cet homme nous apprend."
Mais le préfet, mécontent, s'écria:
"Voyez-vous comment ce chrétien séduit notre prince!"
Le faible Claude, craignant des troubles, abandonna le martyr, qui eut à subir un autre interrogatoire devant un nouveau juge:
"Comment, lui dit celui-ci, peux-tu dire que Jésus-Christ est la vraie lumière?
— Il n'est pas seulement la vraie lumière, mais l'unique lumière, dit Valentin.
— S'il en est ainsi, rends la vue à ma petite fille adoptive, aveugle depuis deux ans; je croirai en Jésus-Christ, et je ferai tout ce que tu voudras."
L'enfant fut amenée; le prêtre, lui mettant la main sur les yeux, fit cette prière:
"O Jésus-Christ, qui êtes la vraie lumière, éclairez cette aveugle."
À ces paroles, l'aveugle voit; le juge Astérius, avec toute sa famille, confesse Jésus-Christ et reçoit bientôt le baptême. L'empereur, averti de ces merveilles, aurait bien voulu fermer les yeux sur les conversions nouvelles; mais la crainte lui fit trahir sa conscience et le sentiment de la justice; Valentin et les autres chrétiens furent livrés aux supplices et allèrent recevoir au Ciel la récompense de leur courage, en l'année 268.
Il existe encore, à Rome, une catacombe de Saint-Valentin, témoin de la vénération dont fut, de tout temps, entouré cet illustre martyr.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950