Bouquet spirituel:
23 octobre
Pierre vint au monde à Valence, en Espagne, au temps de la barbare domination des Maures. Ses parents confièrent l’éducation de leur fils à un prêtre qu’ils avaient racheté de l’esclavage. Ayant embrassé l’état ecclésiastique, Pierre Paschal fut pourvu d’un Canonicat dans l’église de Valence; bientôt il quitta sa charge et suivit son précepteur à Paris, pour y étudier la théologie et le droit canon.
Cependant le souvenir des maux endurés par les esclaves chrétiens ramena en Espagne le généreux jeune homme, qui résolut de se dévouer à leur service dans l’Ordre de la Merci. Saint Pierre Nolasque l’admit avec joie en 1251. Après sa profession, il fut employé à l’enseignement de la théologie et à la prédication. Le roi l’enleva à ces fonctions pour en faire le précepteur d’un de ses fils, don Sanche, qui devait embrasser l’état ecclésiastique.
Le prince, ayant été élevé sur le siège de Tolède, voulut avoir comme coadjuteur son ancien précepteur; Pierre fut sacré en 1262, avec le titre d’évêque de Grenade, alors sous le joug des infidèles. Il gouverna trois ans le diocèse de Tolède avec une sagesse consommée. La mort de don Sanche, victime des Maures, le rendit aux missions de son Ordre, en Espagne et en Portugal. Puis, se souvenant de son titre d’évêque de Grenade, il voulut, dans l’espoir du martyre, visiter son diocèse, et donner sa vie pour les restes épars de son troupeau. Il se dévoua au service de ses ouailles, qui gémissaient sous le joug des Mahométans. Dans cet exercice d’héroïque charité, il convertit un bon nombre de Juifs et de Musulmans, de renégats surtout, qu’il faisait rentrer dans le sein de l’Église.
En 1296, il fut fait évêque de Jaën, diocèse depuis longtemps sans pasteur. Malgré les dangers, auxquels il s’exposait, Paschal retournait souvent à Grenade. Pour avoir entrepris la conversion de quelques Maures, il fut arrêté, mis en prison et chargé de chaînes. Ses diocésains de Jaën lui envoyèrent l’argent de sa rançon, mais il l’employa à racheter d’autres chrétiens captifs et demeura dans les fers. Un jour, le peuple, fanatisé par les docteurs du Coran, se porta tumultueusement au palais royal et réclama la tête du saint missionnaire; l’émir le condamna au dernier supplice. Paschal passa en prières toute la nuit, pour se préparer à son sacrifice. Dès le point du jour, il célébra la sainte messe et, au moment où il se mettait à genoux pour son action de grâces, les barbares lui tranchèrent la tête d’un coup de cimeterre. Il avait soixante-treize ans. Son martyre eut lieu le 6 décembre 1300.
Vie des Saints pour chaque jour de l'année, à l'usage des Frères des écoles chrétiennes, Paris, Procure Générale, 1932