Bouquet spirituel:
29 avril
Saint Pierre naquit à Vérone de parents hérétiques. Mis à l’école chez un maître catholique, il fut instruit dans la vraie foi. Un jour, comme il était interrogé sur sa leçon par un de ses oncles, il lui récita le Symbole des Apôtres et le lui expliqua dans le sens catholique. L’oncle voulut lui opposer les objections inventées par les Manichéens; mais l’enfant tint ferme et ni les menaces ni les caresses de ses parents ne purent ébranler sa foi.
Après ses études à l’Université de Bologne, comprenant les dangers du monde, il alla se présenter à saint Dominique, qui lui donna l’habit de son Ordre. Dès ce moment, Pierre se livra avec tant d’ardeur à la prière et au jeûne, qu’il tomba gravement malade, et dut modérer ses austérités.
Dès qu’il eut reçu la prêtrise, chaque fois qu’il célébrait la messe, il demandait à Notre-Seigneur la grâce de répandre son sang en témoignage d’amour pour lui. Lorsqu’il était au couvent Saint-Jean-Baptiste, à Côme, les saintes vierges Catherine, Agnès et Cécile, lui apparurent dans sa cellule et conférèrent avec lui d’une voix si intelligible, qu’un religieux, entendant cette conversation, s’imagina que c’étaient effectivement des personnes du monde qui étaient entrées dans le monastère. Il prit des témoins de ce qu’on entendait, et tous ensemble s’en plaignirent dans le Chapitre comme d’un fait scandaleux. Sur cette déposition, le Supérieur relégua le saint au couvent de Jesi, dans la Marche d’Ancône. Pierre supporta cette peine avec une patience admirable. Mais Dieu fit enfin découvrir tout le mystère et proclamer l’innocence de son serviteur, qui fut rappelé et comblé de marques de vénération.
Son talent pour la chaire l’ayant fait destiner au ministère de la prédication, il devint l’apôtre de l’Italie. Les hérétiques ne pouvaient résister à la force de ses discours; les cœurs les plus endurcis se laissaient pénétrer par l’onction de ses paroles.
Pour détruire l’autorité des miracles du grand prédicateur, un des propagateurs de l’hérésie imagina un stratagème. «Je vais, dit-il aux siens, faire le malade, et je me glisserai vers lui à travers la foule: il m’imposera les mains et me dira que je suis guéri; alors je proclamerai son imposture.» Mais Pierre n’y fut pas trompé. «Si vous êtes malade, dit-il au suppliant, soyez guéri; si vous n’êtes pas malade, soyez-le.» Aussitôt une fièvre intense s’empara de cet homme, et le contraignit à dévoiler sa fourberie; il pria le saint d’avoir pitié de son âme, fit abjuration de ses erreurs et recouvra la santé.
Cependant les Manichéens conjurèrent la perte de l’homme de Dieu. Un jour qu’il revenait de Côme à Milan, ils apostèrent deux assassins sur sa route. L’un d’eux lui déchargea sur la tête deux coups de hache et le renversa par terre. Le saint fit un effort pour se relever, récita le premier article du Symbole, et, trempant deux de ses doigts dans son sang, il écrivit ces mots sur le sol: Credo in Deum. L’assassin lui porta un dernier coup qui lui donna la mort. C’était le 28 avril 1572. Pierre avait quarante-six ans.
Il fut canonisé l’année suivante par Innocent IV. Ses reliques sont conservées à Milan.
Vie des Saints pour chaque jour de l'année, à l'usage des Frères des écoles chrétiennes, Paris, Procure Générale, 1932