Bouquet spirituel:
23 février
Saint Pierre Damien, né à Ravenne, d'une famille honnête, mais pauvre et nombreuse, fut, étant encore à la mamelle, abandonné par sa mère découragée; mais une femme charitable le recueillit à demi mort de faim, et lui donna tous les soins d'une vraie mère. Rendu à ses parents devenus plus humains, il resta orphelin très jeune encore et fut le souffre-douleur d'un de ses frères, qui le traitait comme un esclave et l'envoyait garder les pourceaux. Dans ce misérable état, le pauvre enfant montrait des dispositions intellectuelles et morales vraiment remarquables.
Un jour il trouva par hasard une pièce d'argent; un enfant s'en serait servi pour satisfaire sa gourmandise, mais le jeune Pierre sut résister à cette tentation et eut l'attention délicate de porter cet argent à un prêtre, afin de faire dire des Messes pour son père défunt.
Un autre frère de l'enfant, archiprêtre de Ravenne, prit pitié de sa misère et s'occupa de son éducation; ce frère s'appelait Damien, et on croit que Pierre ajouta plus tard ce nom au sien par reconnaissance. Dès lors tout changea pour notre Saint; après avoir émerveillé ses maîtres et ses disciples par ses talents et ses vertus, il chercha dans le cloître un refuge contre les périls du monde.
Pendant le reste de sa longue vie de quatre-vingt-trois ans, il fut l'ami, le conseiller, la lumière de tous les Papes de son temps. Ses vertus dépassaient encore sa science profonde; il brilla surtout par la mortification et l'humilité.
Dans sa jeunesse, tourmenté de tentations impures, il se plongea, la nuit, dans un étang demi-glacé, jusqu'à ce qu'il eût éteint le feu de la concupiscence. Cilice, jeûnes effrayants, lit de planches nues, discipline, cercles de fer, aucune pénitence ne lui fut étrangère.
Étant moine, quand, au chapitre, il avait dû reprendre ses religieux de leurs fautes, il descendait de son siège, se prosternait à terre devant tous, s'accusait de toutes ses imperfections, se donnait la discipline publique, et, reprenant sa place, continuait ses avis.
On l'invoque contre les maux de tête, probablement en sa qualité d'homme d'étude.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950