Bouquet spirituel:
1er juin
Pamphile était né à Béryte, en Phénicie, de l'une des premières familles de la province. Devenu prêtre de l'Église de Césarée, après de brillantes et profondes études aux écoles d'Alexandrie, il fut l'un des beaux modèles de l'alliance de la philosophie avec le dogme chrétien. Nul ne sut mieux unir l'amour de la science à ces vertus évangéliques qui font le caractère des vrais disciples de Jésus-Christ.
Pamphile s'était formé une immense bibliothèque composée des meilleurs auteurs, surtout ecclésiastiques; il n'avait pour but de ses études que la défense de la foi. On doit à cet homme illustre la correction de la version de la Sainte Écriture dite des Septante; c'est de sa bibliothèque précieuse que l'historien Eusèbe, son disciple, tira tous les documents dont il se servit pour écrire son histoire des premiers siècles.
A tous ses travaux intellectuels, Pamphile ajoutait les exercices de la piété et de la pénitence. Son seul bien, c'étaient ses livres; il avait distribué aux pauvres tout son riche patrimoine et vivait dans la solitude, se reposant du poids du jour par les prières de la nuit.
Le pieux savant était préparé aux saints combats du Christ. Arrêté comme l'un des principaux docteurs chrétiens, au temps de la persécution de l'empereur Maximin Daïa, il comparut devant le gouverneur. Les promesses et les séductions n'ayant aucun succès, il fallut en venir aux menaces et aux tortures. Pamphile fut inébranlable. On lui déchire les côtes avec des ongles de fer; il est flagelle si affreusement, qu'on est obligé de le transporter, épuisé de sang et demi-mort, dans sa prison. Le gouverneur attendait que les plaies du martyr fussent fermées pour renouveler le supplice, quand il devint lui-même victime de la férocité de l'empereur, qui le condamna à mort: juste châtiment de ses crimes et de ses débauches, qui l'avaient rendu odieux à tous.
Sous le nouveau gouverneur, Pamphile demeura quelques temps oublié dans sa prison, et il en profita pour écrire de savants ouvrages. Il y avait deux ans qu'il souffrait pour la foi, quand il fut condamné avec plusieurs autres chrétiens. L'exécution eut lieu sur le soir, et le corps resta toute la nuit exposé à l'endroit même du supplice. Mais aucun animal ne s'étant approché pendant la nuit pour le dévorer, les fidèles purent lui donner une sépulture honorable. C'est en l'an 308 que le philosophe chrétien, émule de saint Justin, de saint Lucien et de tant d'autres, consomma son martyre.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950