Bouquet spirituel:
18 juin
Marc et Marcellien étaient frères et issus d'une des premières familles de Rome. Ils furent convertis à la foi dès leur jeunesse. Arrêtés sous l'empereur Dioclétien, on les jeta dans une prison; après quelques interrogatoires qui démontrèrent leur fermeté dans la foi, Chromace, préfet de la ville, les condamna à avoir la tête tranchée, après un délai de trente jours. Les deux frères furent alors transportés dans la maison de Nicostrate, greffier du préfet et leur gardien.
Tranquillin, leur père, Marcie, leur mère, leurs femmes et leurs jeunes enfants vinrent tour à tour se jeter à leurs pieds, les arroser de larmes, et leur adresser les paroles les plus capables de toucher leur coeur. Les généreux martyrs, attendris par ce spectacle si touchant, commençaient à joindre leurs larmes à celles de leurs parents, de leurs femmes et de leurs enfants, et il y avait à craindre que l'amour ne fît faillir ceux que les supplices avaient trouvés invincibles.
Saint Sébastien, capitaine de la première compagnie des gardes de l'empereur, toujours vigilant à soutenir le courage des martyrs, ne craignit pas de s'exposer lui-même à la mort en rappelant aux deux frères les saints enseignements de la foi, les espérances immortelles de l'autre vie, les châtiments des apostats. Ses paroles ranimèrent la générosité des deux martyrs; elle opérèrent même un changement dans le coeur de tous ceux qui étaient présents.
Sébastien ayant rendu à Zoé, femme du greffier Nicostrate, l'usage de la parole, qu'elle avait perdu depuis six ans, ce changement devint une complète conversion. Zoé, Nicostrate, Tranquillin, Marcie, les épouses et les enfants des deux martyrs, bientôt le préfet Chromace lui-même, reçurent le saint baptême et versèrent leur sang pour la foi.
Quant à Marc et Marcellien, ils comparurent devant un nouveau juge, qui, après avoir employé inutilement toutes les flatteries et toutes les menaces pour les ébranler, les fit clouer à un poteau, où ils demeurèrent vingt-quatre heures, louant et bénissant Dieu. Après un jour et une nuit, encore pleins de vie et témoignant toujours la même joie et le même courage, ils furent percés à coups de lance.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950