Bouquet spirituel:
23 mars
Joseph Oriol, né à Barcelone, le 23 novembre 1650, n’avait que dix-huit mois quand son père mourut; sa mère se remaria à un honnête cordonnier. Après ses premières études chez les chapelains de Sainte-Marie, Joseph allait suivre les cours de l’Université, quand sa mère devint veuve une seconde fois et se vit réduite à la misère. Sa nourrice se chargea des dépenses de scolarité de Joseph, de sorte qu’à vingt-trois ans, il avait terminé ses études et était ordonné prêtre.
Pour subvenir au dénuement de sa mère, Joseph entra comme précepteur dans la maison d'un maître des camps et armées du roi, et y resta jusqu'à la mort de sa mère (1686). Libre alors de se livrer aux œuvres de charité et d'apostolat, il obtint un bénéfice dans l’église de Notre-Dame-du-Pin, à Barcelone ; ses collègues, qui menaient la vie commune, lui confièrent la charge d'’infirmier.
Il se relégua volontairement dans une étroite mansarde sans lit ni meubles. Il y vivait dans la plus extrême pauvreté, lavant lui-même son linge, et distribuant tout son traitement aux indigents; tel était son détachement qu'il n’aurait pu dormir en paix avant d’avoir donné sa dernière obole.
Sa charité ne se bornait pas aux vivants: les âmes du Purgatoire y avaient leur part. Il employa les 300 écus qui lui revinrent de la succession de sa mère à fonder des messes pour les âmes des défunts. Tout le temps qu’il n’employait pas au service du chœur, Joseph le consacrait à l’apostolat. Il était devenu le confesseur d’un grand nombre de personnes. Il y joignait le ministère de la prédication et surtout l’apostolat des enfants: il allait les chercher dans les rues, les conduisait à l'église et les instruisait. On le trouvait aussi sûr les remparts, où il conversait avec les soldats, leur parlant de Dieu et de leur âme. Il songea longtemps aux missions auprès des infidèles et essaya à deux reprises de se faire envoyer aux missions du Japon. Dieu se contenta de sa bonne volonté.
Joseph reçut de Dieu le don des miracles à un degré vraiment extraordinaire. Ainsi, un jour qu'il allait visiter les malades, on le vit traverser une rivière en marchant sur les eaux. En ce moment même, l’Angélus étant venu à sonner, il se mit à genoux comme s'il se trouvé sur la terre ferme. Mais c’est surtout en faveur des malades qu’il exerçait son merveilleux pouvoir. Aussi lui amenait-on des infirmes de toutes les provinces d'Espagne. Le supérieur de l’église de Notre-Dame-du-Pin, fatigué du tumulte causé par toute cette affluence, finit par lui interdire de guérir les malades dans l'église. Ce même supérieur se fractura une jambe; il se hâta alors de lever la défense.
Le 8 mars 1702, Joseph alla chez un de ses amis emprunter un lit meuble dont il ne se servait plus depuis vingt-cinq ans. Il était à peine entré dans sa cellule qu'il fut saisi par la maladie. Le soir du jour où il reçut l'Extrême-Onction, il demanda qu’on lui chantât le Stabat Mater; l'heure était venue, il fixa les yeux sur le crucifix et il expira doucement. C'était le 23 mars 1702.
J.-M. Planchet, C.M., Nouvelle Vie des Saints, 2e éd. Paris, 1946