Bouquet spirituel:
27 janvier
Saint Jean, surnommé Chrysostome, c'est-à-dire Bouche d'Or, à cause de la force et de la beauté de son éloquence, naquit à Antioche, vers l'an 344. Veuve à vingt ans, sa mère, femme très remarquable, n'épargna rien pour lui donner une brillante éducation. Doué d'un génie supérieur, objet de l'admiration universelle, incliné au plaisir, Jean fut ramené à la réalité des choses et conquis à la perfection de l'Évangile, par l'amitié fidèle d'un jeune homme de son âge, qui fut saint Basile. Noble exemple de l'apostolat qu'un véritable ami peut exercer dans son entourage! L'amitié des deux jeunes gens ne fit que s'accroître par l'union désormais parfaite des pensées et des aspirations.
Devenu clerc de l'Église d'Antioche, Chrysostome renonce complètement aux vanités du siècle; il ne paraît qu'avec une tunique pauvre; la prière, la méditation, l'étude de l'Écriture Sainte, partagent son temps: il jeûne tous les jours et prend sur le plancher de sa chambre le peu de sommeil qu'il accorde à son corps, après de longues veilles. S'élevant par degré dans les fonctions ecclésiastiques, il devient l'oeil, le bras, la bouche de son évêque. Son éloquence est si grande que toute la ville accourt à ses premières prédications où il y avait souvent jusqu'à cent mille auditeurs et plus à l'entendre.
A trente ans, Chrysostome fuit, dans la vie monastique, l'épiscopat auquel, plus tard, il ne pourra échapper. C'est en 398, qu'il est emmené de force à Constantinople et sacré patriarche de la ville impériale. Son zèle, l'indépendance de son langage ne furent égalés que par sa charité; son éloquence séduisante, qui brillait alors de tout son éclat, attirait les foules autour de sa chaire; il ranimait la foi au coeur des fidèles et convertissait une multitude d'hérétiques et de païens. Jamais pasteur ne fut à ce point l'idole de son peuple; jamais pasteur ne souleva autour de lui un pareil mouvement chrétien: c'est que l'éloquence de l'orateur dévoilait le coeur d'un père, d'un apôtre et d'un saint.
Dieu permit que la croix vint achever en Chrysostome l'oeuvre de la perfection. Le courage invincible du Pontife, sa liberté à flétrir les désordres de la cour, lui valurent l'exil. En quittant Constantinople, il fit porter à l'impératrice cette fière réponse: "Chrysostome ne craint qu'une chose: ce n'est ni l'exil, ni la prison, ni la pauvreté, ni la mort, c'est le péché." Il mourut en exil, victime des mauvais traitements de ses ennemis. Bien qu'il ne porte pas le titre de martyr, il en a tout le mérite et toute la gloire.
Saint Paul était l'objet de son admiration et de sa dévotion. Il a dit de lui cette belle parole: "Le coeur de Paul était le coeur du Christ."
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950