Bouquet spirituel:
16 octobre
Saint Gérard Majella est né le 6 avril 1726, à Muro, en Italie. Dès ses plus tendres aimées, il fit preuve d’une angélique piété. À peu de distance de Muro se trouve une chapelle où l’on vénère une statue de la Vierge Marie tenant l’Enfant-Jésus dans ses bras. Vers sa sixième année, Gérard s’y rendit, et à peine fut-il agenouillé que le petit Jésus descendit des bras de sa mère, vint jouer familièrement avec lui, puis lui donna un petit pain blanc. L’enfant porta, joyeux, ce présent à sa mère. «Qui te l’a donné? demanda celle-ci? — C’est, répondit-il, l’Enfant d’une belle dame avec lequel j’ai joué.» Le prodige se renouvela sous les yeux de sa mère et de sa sœur émerveillées.
Vers l’âge de huit ans, Gérard, épris d’amour pour le Pain eucharistique, désira vivement communier. Un jour, à la messe, il vint à la Table sacrée avec les fidèles pour recevoir la sainte hostie. Le célébrant, le voyant si jeune, passa outre, et l’enfant se retira en pleurant. Mais, la nuit suivante, l’archange saint Michel lui apporta le Pain des Anges. Une autre fois qu’il était à genoux, tout près de l’autel, l’Enfant-Jésus sortit du tabernacle et lui donna la sainte communion.
Après la mort de son père, Gérard entra en apprentissage chez un tailleur. Le débutant se livra tout entier au travail, mais ne cessa pas de suivre son attrait pour l’oraison, malgré les mauvais traitements du contremaître.
Devenu, à seize ans, le serviteur de l’évêque de Lacédonia, il fit pendant trois ans l’admiration de toute la ville. Après la mort du prélat, en 1744, Gérard dut, pour vivre, reprendre son métier de tailleur. Au travail des mains, accepté en esprit de pénitence, il joignit de rudes mortifications. Une planche lui servait de lit, il flagellait sa chair jusqu’au sang, passait des nuits entières à faire oraison, et jeûnait au pain et à l’eau les samedis et les veilles des fêtes de Marie.
Comme on s’étonnait de ces austérités extraordinaires, le saint jeune homme répondait invariablement: «Je veux à tout prix devenir un saint; or si je perds cette occasion, je la perdrai pour toujours.» «Je suis à la Madone, disait-il encore avec enthousiasme; la Madone a ravi mon cœur et je lui en ai fait présent.» Aussi, même au milieu du monde, garda-t-il sans souillure son innocence baptismale.
Une fleur si délicate avait sa place marquée dans le parterre de la vie religieuse. Gérard fixa son choix sur la Congrégation du Très Saint Rédempteur. Il fut admis par saint Alphonse de Liguori lui-même, en 1749.
Le pieux tailleur embrassa la vie religieuse avec une ferveur qui devait le conduire, en peu de temps, à la plus haute perfection. Il fit le vœu d’accomplir en tout ce qu’il y a de plus parfait. Saint Alphonse disait de son cher disciple: «Gérard est un prodige de régularité. Je suis grandement édifié quand je considère à quelle perfection il est arrivé.»
Tombé gravement malade, en 1755, il demanda d’éprouver dans ses derniers instants quelques-unes des peines que le divin Sauveur souffrit sur la croix. Sa prière fut exaucée: ses derniers jours furent un douloureux purgatoire.
Cependant le saint malade annonça, le 15 octobre, qu’il mourrait le jour même. Vers minuit: «Voici la Madone,» s’écria-t-il d’un air joyeux, et, au milieu de cette extase, il s’endormit du sommeil des prédestinés. Le Serviteur de Dieu, âgé de vingt-neuf ans, en avait passé cinq dans la Congrégation du Très Saint Rédempteur.
Les évêques d’Italie ont donné saint Gérard comme Patron aux premiers communiants.
Vie des Saints pour chaque jour de l'année, à l'usage des Frères des écoles chrétiennes, Paris, Procure Générale, 1932