Vies des Saints
nos modèles et nos protecteurs

Bouquet spirituel:

1er janvier

Saint Fulgence de Ruspe
Saint Fulgence

Saint Fulgence
de Ruspe
Docteur de l'Église, Évêque
(468-533)

Fulgence appartenait à l’une des familles sénatoriales de Carthage, et naquit, vers 468, à Leptis, dans la Byzacène (Tunisie). Sa mère, bonne chrétienne, le fit instruire avec soin dans les lettres grecques et latines. Bientôt dégoûté des vanités terrestres et excité à la pénitence par la lecture des sermons de saint Augustin, il entra en religion dans un monastère élevé par l’évêque Fauste, non sans avoir au préalable renoncé à sa part d’héritage en faveur de sa mère.

Les Vandales avaient conquis l’Afrique; mais, imbus de l’hérésie d’Arius, il leur était impossible, sur cette terre orthodoxe, de fonder d’établissement durable. Leurs persécutions furieuses décimèrent sans résultat les fidèles: pour y échapper, Fulgence commença toute une carrière d’épreuves. Après avoir trouvé un asile momentané dans le couvent d’un de ses amis, qui le prit pour coadjuteur, il fut obligé de partir pour Sicca; chemin faisant, il tomba entre les mains d’un prêtre arien, et subit, par son ordre, les plus horribles traitements. Cependant il parvint à s’embarquer pour la Sicile, passa l’hiver à Syracuse et se rendit l’année suivante, à Rome, où il assista à l’entrée solennelle du roi Théodoric (500).

De retour en Afrique, il fonda, grâce au généreux concours d’un riche Carthaginois, une maison nouvelle, qu’il gouverna quelque temps avec une prudence et une charité singulières. Par excès d’humilité, il la quitta par deux fois, préférant à ses commodités la solitude d’un petit rocher au milieu de la mer; il ne fallut pas moins, pour l’y ramener, que le commandement exprès de son évêque et le caractère de la prêtrise, qui lui fut alors conféré.

En 508, il fut appelé au siège de Ruspe, port de la Petite-Syrte (golfe de Gabès). Sa nouvelle dignité ne lui éleva point le cœur: il demeura dans la simplicité monastique, n’ayant, même durant les offices, qu’une robe grossière, des sandales et une ceinture de cuir, et consacrant à prier et à étudier le temps qu’il ne donnait pas aux devoirs épiscopaux. À peine Thrasimond fut-il monté au trône des Vandales (523), que les tribulations de Fulgence recommencèrent; chassé de Ruspe, il fut conduit en Sardaigne, ainsi que soixante évêques exilés comme lui. La mort de son persécuteur lui permit de revenir dans son diocèse, où il succomba à une cruelle maladie, en janvier 533.

Fulgence a laissé plusieurs ouvrages sur les matières de l’Incarnation et de la prédestination; il se faisait gloire d’être disciple de saint Augustin, et, s’il lui cède en génie et en élégance, il ne lui est pas inférieur sous le rapport du raisonnement et de la méthode. Bossuet l’a appelé le plus grand théologien et le plus saint évêque de son temps.

La Vie des Saints illustrée pour chaque jour de l'année, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1887


Prière de saint Fulgence

Quel ravissement pour nous, ô mon Dieu, lorsque Vous voyant dans le Ciel environné des divers ordres des Saints et des neuf chœurs des Anges, nous contemplerons cette multitude innombrable de princes qui composent la céleste Cour, et qui Vous rendent à l'envi les hommages qui Vous sont dus, puisque l'éclat d'une cour terrestre est capable de nous éblouir. En effet, tout ce qu'on peut voir de plus beau dans ce genre sur la terre, ne peut nous donner qu'une idée très imparfaite de cette glorieuse Assemblée, composée d'autant de Rois qu'il y aura de Bienheureux dans le Ciel.

Quel bonheur d'y contempler tant de nations différentes qui, réunies sous un même Souverain, n'y feront plus qu'un et même Peuple! Quelle joie d'y avoir un David et tant d'autres rois à qui le trône qu'ils auront possédé sur la terre aura servi de degrés pour monter jusqu'au Ciel; un Abraham, et tant de milliers de riches qui auront employé leurs richesses à acheter le Ciel; un Lazare et tant de millions de pauvres qui auront profité des incommodités de l'indigence pour mériter le Ciel!

Mais surtout quel avantage comparable à celui de Vous voir, ô Vierge Sainte, élevée au-dessus des Anges et des hommes, placée à la droite de Votre Fils, et de Vous entendre dire pendant toute l'éternité: Magnificat anima mea Dominum. Ainsi soit-il.