Vies des Saints
nos modèles et nos protecteurs

Bouquet spirituel:

28 novembre

Saint Étienne le Jeune, Chatzidakis. Byzantine Art in Greece, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=38026995
Saint Étienne le Jeune

Saint Étienne le Jeune
Moine et martyr
à Constantinople
(† 766)

Né vers 713, à Constantinople, de parents riches et vertueux, saint Étienne entra au monastère du Mont-Saint-Auxence, en Bithynie. L’année suivante, il y fut admis à la profession monastique et devint en peu d’années un modèle de régularité et de ferveur.

En 743, Étienne, âgé seulement de trente ans, fut élu Supérieur du monastère. Celui-ci était formé de petites cellules éparses sur une montagne; la cellule du Supérieur, bâtie au sommet, était la plus étroite et la plus pauvre. Étienne s’y sanctifia par la prière et le travail des mains. Son vêtement était une peau de brebis, et sa ceinture une chaîne de fer. L’amour d’une retraite plus profonde, le désir d’austérités plus grandes, le firent renoncer à sa charge et s’enfermer dans une sorte de tombeau.

Cependant l’empereur Constantin V Copronyme déchaîna, de nouveau, une guerre terrible contre le culte des saintes images. Plusieurs évêques de la région cédèrent aux volontés impériales et, dans un conciliabule, souscrivirent à l’hérésie iconoclaste. Mais les moines résistèrent héroïquement; pour les punir de leur orthodoxie, plusieurs furent torturés, mutilés et livrés aux flammes.

Le Copronyme s’attaqua surtout à Pierre le Calybite et à Étienne le Jeune, dont l’autorité était grande sur les moines de tout l’empire. Le premier fut battu de verges, et des satellites reçurent ordre de tirer Étienne de sa cellule et de le conduire dans une île près de l’Hellespont; il fut ensuite transféré dans une prison à Byzance. On lui mit les fers aux mains et on lui serra les pieds entre deux morceaux de bois.

Quelques jours après, l’empereur se le fit amener dans son palais, et, l’apostrophant:
«Pourquoi nous traiter d’hérétiques? lui dit-il. Est-ce qu’en foulant aux pieds les images, nous foulons aux pieds Jésus-Christ?»

Etienne, pour toute réponse, prit une pièce de monnaie, et la montrant à Copronyme, lui demanda:
«Comment traiteriez-vous celui qui la jetterait à terre et foulerait aux pieds l’effigie qu’elle porte?
— Il serait puni sévèrement pour cette action, car il aurait outragé la majesté impériale.
— Aveugle que vous êtes, reprit Étienne, c’est un crime de profaner l’image d’un empereur de la terre, et l’on innocenterait celui qui jette au feu l’image du Roi du Ciel et celle de sa sainte Mère!»

Pour toute réponse, Copronyme ordonna de reconduire le prisonnier dans son cachot et de le déchirer jusqu’à ce qu’il expirât. Cet ordre parut si inhumain que personne n’osa l’exécuter.

Quand l’empereur apprit qu’Étienne vivait encore, il s’écria plein de fureur: «Est-ce qu’on ne me délivrera point de ce moine?» Aussitôt des scélérats, excités par les courtisans, coururent à la prison. Ils en tirèrent le saint homme et le traînèrent le long des rues en l’accablant de coups. Enfin un de ces misérables, s’armant d’une pièce de bois, lui en déchargea sur la tête un coup qui fit jaillir la cervelle. Le martyr exhala son dernier soupir le 28 novembre 766, à l’âge de cinquante-trois ans.

Vie des Saints pour chaque jour de l'année, à l'usage des Frères des écoles chrétiennes, Paris, Procure Générale, 1932