Bouquet spirituel:
1er décembre
Saint Edmond Campion, né à Londres, le 25 janvier 1540, de parents catholiques, se distingua par l’aménité de son caractère et sa rare facilité pour l’étude.
Maître ès arts à l’Université d’Oxford et réputé l’homme le plus éloquent d’Angleterre, il fut remarqué par la reine Élisabeth, qui lui fit de séduisantes promesses. Campion les éluda, bien que déjà il eût pactisé avec l’erreur protestante. Circonvenu par l’évêque luthérien de Gloucester, il reçut de ses mains le diaconat anglican. Mais, pris de remords, il alla se confesser à un prêtre catholique et se réfugia en Irlande. Signalé aux espions de l’implacable Elisabeth, il se vit finalement contraint à s’expatrier.
Il se présenta au collège anglais de Douai, s’y réconcilia avec l’Église et, de là, essaya de ramener à la foi catholique les amis qu’il avait laissés en Angleterre, entre autres l’évêque de Gloucester. Puis, il entreprit, en pèlerin, le voyage de Rome et y fut admis dans la Compagnie de Jésus. Ordonné prêtre en 1578, il est associé deux ans plus tard au groupe de missionnaires que le pape Grégoire XIII envoie en Angleterre, soutenir la foi des catholiques et relever ceux qui avaient faibli.
À la faveur d’un déguisement, le Saint rentre à Londres. Il y est bientôt entouré par les plus fervents des fidèles qui, nombreux, viennent assister aux assemblées secrètes où il célèbre les saints Mystères, prêche et administre les sacrements. Son activité et son influence alarment le gouvernement qui ordonne de le traquer sans merci. Dénoncé par un espion apostat, Campion est arrêté et enfermé dans un étroit cachot.
Après quatre jours de détention, il fut conduit en grand secret devant la reine; s’il avait voulu trahir sa foi, les honneurs et les dignités auraient récompensé sa retentissante défection. Il se montra inébranlable.
Ramené en prison, il est soumis aux plus horribles tortures: son corps est disloqué et brisé sur le chevalet. Épuisé et incapable de se soutenir, il est mis en présence des ministres anglicans les plus renommés qui doivent discuter avec lui les dogmes de la foi catholique. Plus éloquent que jamais, Campion les déconcerte par la force de ses arguments et l’accent de son émouvante charité.
Condamné à mort, il fut exécuté au gibet de Tiburn, le 1er décembre 1581, avec plusieurs autres confesseurs de la foi. Après le supplice, les corps des martyrs furent tailladés et exposés aux outrages de la populace.
Vie des Saints pour chaque jour de l'année, à l'usage des Frères des écoles chrétiennes, Paris, Procure Générale, 1932