Bouquet spirituel:
13 juillet
Saint Anaclet, grec de nation, était originaire de la fameuse ville d'Athènes. Les bonnes qualités de cet adolescent frappèrent vivement saint Pierre qui le convertit lorsqu'il prêcha à Athènes. Charmé de sa piété exemplaire, de son zèle pour la religion, de l'intégrité de ses moeurs et des rares talents dont le Seigneur l'avait doué, le vicaire du Christ admit Anaclet dans le clergé, le reçut diacre, et lui conféra la dignité sacerdotale.
Revêtu de ce caractère sacré, saint Anaclet servit généreusement saint Pierre dans les fonctions de son apostolat et devint le compagnon inséparable de ses travaux et de ses voyages. Ange par la pureté de sa vie et par son zèle indéfectible au service de Dieu, Anaclet devint vite un des plus saints ministres de l'Église naissante.
Après que saint Pierre eut couronné son apostolat par un glorieux martyre, son fidèle disciple Anaclet se dévoua sous le pontificat de saint Lin et de saint Clet, avec le même empressement et le même succès. Il coopéra pour une large part aux merveilleux progrès que connut l'Eglise de Rome en ces temps si difficiles. L'excellence et la sainteté d'Anaclet devenait de jour en jour plus manifeste aux yeux de tous, lorsqu'en l'an 83, sous l'empire de Domitien, les voix des fidèles se réunirent à l'unanimité pour l'élire au souverain pontificat. Son élévation sur le trône de saint Pierre causa une joie universelle dans la chrétienté.
Dans ces premiers jours de l'Eglise, tout était à craindre: la puissance, la cruauté et la multitude des ennemis du Sauveur, la fureur des païens, la rage des Juifs, la timidité et le relâchement des fidèles. Durant la troisième persécution que Trajan excita contre l'Eglise en l'an 107, saint Anaclet constata avec douleur les ravages causés dans le troupeau de Jésus-Christ. Quoique Trajan n'avait porté aucune loi officielle contre les chrétiens, une guerre sournoise d'extermination sévissait contre les fidèles et surtout les évêques. Le sang des martyrs coulait avec abondance dans l'Orient et dans l'Occident.
Au sein de la tourmente, Anaclet encourageait les uns et confondait les autres. Comme la violence de la persécution augmentait de jour en jour, ce pasteur vigilant n'oublia rien pour animer les fidèles à témoigner de leur foi en Jésus-Christ. Il publia de belles ordonnances pour retenir ses ouailles dans leur devoir. Il regardait comme chrétiens à demi vaincus ceux qui ne recevaient que rarement la divine Eucharistie.
Pour donner quelque marque de sa dévotion et de sa reconnaissance au prince des apôtres auquel il était redevable de sa conversion, saint Anaclet fit bâtir et orner une église à son sépulcre. Par une providence toute particulière, elle se conserva intacte au milieu des persécutions.
Ce digne représentant de Jésus-Christ sut conserver intact le dépôt sacré de la foi. Il travailla avec succès à établir la discipline de l'Eglise, conserva le bon règlement dans les affaires temporelles de l'Eglise et s'opposa aux désordres qui s'y étaient glissés. Ce saint pape ne pouvait échapper longtemps aux recherches du tyran qui envoyait chaque jour une multitude de condamnés au martyre. L'année précédent sa mort, en prévision du sort qui l'attendait, saint Anaclet conféra l'ordination épiscopale au prêtre Evariste qui devait lui succéder dans la charge du souverain pontificat. Après avoir gouverné l'Eglise neuf ans, trois mois et dix jours, saint Anaclet remporta la palme du martyre et fut enseveli au Vatican.
Les Petits Bollandistes, Paris, 1874, tome VIII, p. 273-274 -- l'Abbé Jouve, 1886, 2e éd. tome 3, p. 69-71