Bouquet spirituel:
12 janvier
Né au nord de l'Angleterre, Alfred se fit remarquer par tous les avantages de la naissance, de l'éducation et des talents. Son histoire rapporte qu'un jour qu'il reposait dans son berceau, un de ses parents vit son visage brillant comme le soleil. Jeune encore, il fut nommé gouverneur du palais par David, roi d'Écosse, et il remplit cette charge importante avec une supériorité qui lui attira l'estime du prince et de toute la cour.
Un jour, un personnage de qualité lui ayant fait des reproches injurieux en présence du roi, il l'écouta avec patience et le remercia de ce qu'il avait la charité de l'avertir de ses fautes. Cette conduite impressionna si heureusement son ennemi, qu'il lui demanda aussitôt pardon. Ce trait, parmi d'autres, révéla son humilité profonde. Mais Alfred se sentait fait pour une vie plus parfaite.
A vingt-quatre ans, il quitta les honneurs de la cour pour prendre l'habit monastique et porter le joug du Seigneur. Nommé malgré lui abbé de son monastère, il se montra le modèle de tous. Un de ses religieux nous a laissé de sa vertu le tableau suivant: "Quelle vie plus pure que celle d'Alfred? Qui fut plus sage dans ses discours? Les paroles qui sortaient de sa bouche avaient la douceur du miel; son corps était faible et languissant, mais son âme vive et alerte. Il souffrait patiemment ceux qui l'importunaient et ne se rendait jamais importun à personne. Il écoutait volontiers les autres et ne se pressait point de répondre à ceux qui le consultaient. On ne le vit jamais en colère; ses paroles et ses actions portaient la douce empreinte de cette onction et de cette paix dont son âme était remplie."
Les quatre dernières années de sa vie, il augmenta ses mortifications au point que son corps devint d'une maigreur extrême, et qu'on l'aurait pris pour un esprit plutôt que pour un homme. Souvent il se mettait dans une fosse creusée dans le sol de son oratoire, et de là on l'entendit plus d'une fois s'entretenir avec les esprits célestes. Familiarisé depuis longtemps avec la pensée de la mort, il la vit venir avec joie, le 12 janvier 1167, à l'âge de cinquante-sept ans.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950