Bouquet spirituel:
17 octobre
Guillaume-Nicolas-Louis Leclercq, en religion Frère Salomon, naquit à Boulogne-sur-Mer le 14 novembre 1745, de parents qui comptaient parmi les plus honorables de la ville.
Leur devise était: «Avant tout, le devoir». Dans cette famille chrétienne la prière se faisait en commun, devant un grand crucifix d’ivoire et se terminait par une lecture, dans l’Imitation de Jésus-Christ. Les enfants recevaient ensuite la bénédiction de leurs parents.
Affectueux et soumis à l’égard de son père et de sa mère, Louis était batailleur avec ses camarades. L’influence des bons exemples et d’une éducation solidement chrétienne, reçue dans la famille et continuée à l’école des Frères, où il entra vers dix ans, modifia avantageusement son caractère. «Mon fils Louis, disait sa mère, depuis qu’il fréquente l’école de ces bons religieux, est comme l’arbrisseau baigné par une onde bienfaisante: il grandit, se fortifie et déjà se couronne de fleurs. Encore quelques efforts de sa part et il sera tel que je le demande à Dieu dans mes prières.» Ce souhait devait être réalisé.
En 1761, Louis fut placé dans une maison de commerce de Boulogne. Son exactitude, sa probité, sa soumission, son activité et son intelligence lui méritèrent la confiance de son patron. Envoyé à Paris pour achever de se former au commerce, il eut à résister aux assauts que lui livrèrent des compagnons impies et libertins.
La réception des sacrements et la dévotion à Marie furent le secret de sa force d’âme. Il allait souvent se prosterner devant l’autel de la très sainte Vierge et lui disait avec une simplicité d’enfant: «Bonne Mère, sauvez-moi!» Le Ciel l’exauça. Le port du salut fut pour lui l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes.
En 1767, Louis Leclercq entra au Noviciat établi à Saint-Yon, près de Rouen, prit le saint habit religieux le jour de l’Ascension et reçut le nom de Frère Salomon.
Il puisa au Noviciat un inviolable attachement à la Règle et une grande énergie pour son avancement dans la perfection.
De Rennes, où il débute dans l’enseignement, il passe à Rouen, puis à Maréville, en Lorraine, dans l’établissement fondé par l’ancien roi de Pologne, Stanislas. C’est là qu’il fit sa profession perpétuelle, le 28 mai 1772. «Quel bonheur! écrit-il à son père. Je puis dire en toute vérité: Mon cœur est pour jamais affermi et fondé en Jésus-Christ.»
Devenu Directeur du Noviciat, le Frère Salomon se vit adjoindre son frère Eustache, que son exemple avait attiré dans l’Institut de saint J.-B. de La Salle, et qui y mourut sous le nom de Frère Salvateur. Le Frère Salomon obtint aussi de Dieu par ses prières la vocation de son frère Achille au sacerdoce.
Nommé Directeur du Pensionnat de Saint-Yon à Rouen, le Frère Salomon y révéla sa connaissance des affaires et son esprit pratique. Il montra non moins de zèle pendant l’année qu’il dirigea le Scolasticat supérieur établi dans la même ville. Au mois de Septembre 1782, le Frère Agathon, Supérieur Général l’appelait auprès de lui à Melun, pour lui confier la charge de Secrétaire de l’Institut.
En 1792, le Frère Salomon était à Paris, revêtu de l’habit laïque, pour s’occuper plus facilement des intérêts matériels de sa Congrégation. Quelques révolutionnaires avaient remarqué son assiduité aux Offices célébrés par des prêtres insermentés et son zèle, à distribuer les brefs du Pape et d’autres écrits catholiques. Dénoncé, il fut arrêté en haine de la religion le jour de l’Assomption et incarcéré dans l’église des Carmes, transformée en prison.
Le 2 Septembre 1792, la plupart des prêtres enfermés dans la prison des Carmes furent massacrés par une bande d’égorgeurs, envoyés par la Commune de Paris. Leur crime était d’avoir refusé de prêter le serment hérétique et schismatique à la Constitution civile du clergé. Le Frère Salomon tomba avec eux, après avoir reçu l’absolution d’un de ses compagnons de captivité.
Le 26 Janvier 1916, le pape Benoît XV signait le décret d’introduction de la Cause des Martyrs de Septembre. Le 17 Octobre 1926, Pie XI leur conféra le titre de Bienheureux.
Par diverses faveurs spirituelles ou temporelles dues à son intercession, le Frère Salomon a déjà authentiqué le culte que se sont empressés de lui rendre, depuis cette date, les membres de son Institut et de nombreux fidèles dans le monde entier.
Vie des Saints pour chaque jour de l'année, à l'usage des Frères des écoles chrétiennes, Paris, Procure Générale, 1932