Vies des Saints
nos modèles et nos protecteurs

Bouquet spirituel:

26 octobre

Bienheureuse Bonne d’Armagnac
Bienheureuse Bonne d’Armagnac

Bienheureuse
Bonne d’Armagnac
Vierge, Clarisse
du monastère de Lézignan
(1439-1462)

Bernard d’Armagnac, fils du connétable de ce nom et gouverneur du dauphin qui fut le roi Louis X, après vingt ans de mariage, restait sans enfants. Sainte Colette, aux prières de laquelle il s’était recommandé, l’assura que ses désirs seraient réalisés à condition d’offrir à Dieu la première fille que Dieu lui donnerait. Le 23 février 1439, lui naissait une fille qui reçut le nom de Bonne.

Le Christ souffrant apparaît à Bonne pour la décider à embrasser la vie religieuse
Le Christ souffrant apparaît à Bonne pour
la décider à embrasser la vie religieuse

Quand l’enfant eut atteint sa dix-septième année, son père lui révéla les circonstances qui avaient précédé sa naissance et lui proposa d’entrer en religion. Bonne, qui aimait le monde, ne se sentait aucun goût pour le cloître; lorsqu’un jour, assistant à la messe, au moment de l’élévation, elle entendit une voix lui dire: «Bonnette, si tu n’es pas religieuse, comme tu dois être, tu seras bien punie.» Se tournant alors vers l’autel, Bonne aperçoit Notre-Seigneur, le corps tout couvert de plaies. Elle se cache alors le visage derrière son livre d’Heures et se met à verser un torrent de larmes. À partir de ce moment, son parti fut pris: un mois après, avec la bénédiction de son père et de sa mère, elle quittait le monde.

Le frère de Bonne veut la contraindre à quitter le couvent pour entrer dans le monde
Le frère de Bonne veut la contraindre à quitter
le couvent pour entrer dans le monde

Jacques, son frère aîné, se trouvait à la cour de Charles VII. Apprenant le départ de sa sœur, il se dirigea en hâte au monastère des Clarisses de Lézignan où elle venait d'arriver. Sans que personne lui en eût parlé, la future Clarisse connaît l'arrivée et les intentions de son frère; elle passe le reste de la nuit en prière. Le matin, à la première heure, un garde, qu'elle interroge, lui ayant dit que Jacques s'était informé si elle avait encore ses cheveux: «Me voudrait-il prendre par les cheveux et me ramener à la maison?» dit-elle en riant. Et d'un coup de ciseaux elle tranche sa belle chevelure. Ni les reproches ni les menaces de son frère ne purent ébranler sa résolution de se consacrer à Dieu. Le jour même, 27 mars 1459, elle revêtait la bure des Clarisses avec une de ses demoiselles d'honneur qui n'avait pas voulu se séparer d'elle.

La vie de la jeune novice ne fut plus dès ce jour que prière et mortification. «Il me semble, disait une de ses compagnes, que je vois un ange, quand je regarde sœur Bonne.» Souvent, pour tout repas, elle ne prenait que les restes de ses sœurs; même en maladie, elle ne voulait d’autre nourriture que celle de la communauté. La renommée de ses vertus se répandit bientôt au loin et attira de nombreux sujets au couvent de Sainte-Claire.

Empêché par la maladie d’assister à la profession religieuse de sa fille, le seigneur d’Armagnac députa son chapelain, porteur d’un magnifique coffret contenant diverses reliques, entre autres le voile de sainte Colette. Ce fut avec ce voile que Bonne fit profession. Voici le charmant discours que la Mère Abbesse lui adressa en cette circonstance: «Vous savez, mes bonnes Mères et Sœurs, comme nous sommes assemblées ici pour l’honneur et gloire de Dieu, et pour épouser à sa Divine Majesté notre pauvre fille et sœur Bonne. Venez ça, ma fille, ma mie; voici comme vos bonnes Mères et Sœurs, ayant connu votre bonne dévotion et le zèle que vous avez au salut de votre âme, voire le grand amour que vous portez à votre sainte religion, vous ont reçue à la sainte profession.»

Le jour même de sa profession, Dieu révéla à la Bienheureuse que son père était gravement malade; bientôt, par la même voie, elle en connut la mort. Quand pour la préparer à cette grave nouvelle, on lui parla de la maladie du comte, sans hésiter elle répondit: «Oh! Il est à présent guéri de tous les maux.» –– D’après la volonté expresse du défunt, son corps fut porté à Lézignan, revêtu de l’habit franciscain et inhumé dans l’église du couvent.

Bonne survécut peu à son père. Le jour de Noël 1461, elle recevait les derniers sacrements. Huit jours après, elle entrait dans sa bienheureuse éternité, n’étant âgée que de vingt-trois ans.

Collection de Vies de Saints, Un Saint pour chaque jour du mois,, Première série, Octobre, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1932