Bouquet spirituel:
21 Février
Le Bienheureux Noël Pinot, l’un des martyrs les plus touchants de la Révolution française, naquit le 9 décembre 1747. Il était le seizième enfant d’une modeste et chrétienne famille de la ville d’Angers.
Après son ordination sacerdotale et dix ans de vicariat en diverses paroisses, son extraordinaire dévouement aux pauvres et aux malades le fit choisir, en 1781, pour exercer les fonctions d’aumônier à l’hospice des Incurables d’Angers.
Le 14 septembre 1788, il prend possession de l’importante cure du Louroux-Béconnais. Pendant deux ans, le nouveau pasteur donne la mesure de son zèle et de sa charité. Compatissant à la misère de ses paroissiens indigents, il leur distribue une très large part de ses revenus; il ne s’en réserve que l’indispensable, suffisant à sa vie pauvre et austère.
Lorsque l’orage révolutionnaire éclate, Noël Pinot repousse la Constitution civile du clergé. Le dimanche, 27 février, il monte en chaire une dernière fois et, devant ses ouailles, justifie son refus de prêter le serment civique.
Arrêté le 5 mars, il est condamné par le tribunal du district à quitter sa paroisse. Traqué jour et nuit de village en village, il célèbre les saints Mystères à la dérobée, prêche et ramène à leur devoir plusieurs prêtres qui avaient prêté le serment schismatique.
Revenu dans sa paroisse, à la suite des armées vendéennes, momentanément victorieuses, il prend l’héroïque résolution de ne plus la quitter, malgré le régime de la Terreur qui sévit dans la contrée. Resté caché pendant deux mois, il est découvert le 8 février 1794, peu après minuit, au moment où il s’apprêtait à dire la messe.
Incarcéré dans la prison d’Angers, couché sur de la mauvaise paille où pullule la vermine, le saint curé se prépare, dans la prière et la souffrance amoureusement acceptée, à paraître au tribunal de Dieu.
Le 21 février, il est condamné à la peine de mort. Deux heures plus tard, l’héroïque martyr montait à l’échafaud, les mains liées derrière le dos, le cœur joyeux, les yeux levés au ciel. Par une dérision sacrilège, on l’avait revêtu de tous les ornements sacerdotaux. Prêtre du Christ, chaque matin il avait offert la divine victime à l’autel; en ce moment, il fut comme «le prêtre de son propre sacrifice». Au Dieu qui avait donné sa vie pour lui, il déclara donner la sienne avec plaisir. Il était dans sa quarante-septième année.
Pie XI le béatifia le 31 octobre 1926.
Vie des Saints pour chaque jour de l'année, à l'usage des Frères des écoles chrétiennes, Paris, Procure Générale, 1932