Bouquet spirituel:
2 Mars
Charles, fils de saint Canut, roi de Danemark, fut élevé à la cour de Robert-le-Frison, comte de Flandre, son grand-père maternel.
En âge de porter les armes, il partit pour la Terre-Sainte où combattaient les Croisés. À la mort de Baudouin VII, fils de Robert-le-Frison, il fut proclamé comte de Flandre, de par la volonté dernière du défunt, ainsi que du commun accord de la noblesse et du peuple.
Bien qu’extrêmement brave, il était simple et modeste dans toute sa conduite, d’une piété solide et d’une humilité sincère.
Sa charité s’apitoyait principalement sur les besoins des pauvres. Vers 1125, sévit une cruelle disette. Charles épuisa ses trésors pour nourrir les indigents et ordonna de baisser le prix du blé dans ses États. Il lui arriva même de vendre ses habits lorsqu’il n’avait plus rien pour donner l’aumône.
Cette bienfaisance lui valut une grande popularité; le peuple l’appela le «Bon comte». À des couronnes plus éclatantes qui lui furent offertes, il préféra la satisfaction de voir ses sujets heureux.
Il avait renouvelé et fait publier à Saint-Omer les stipulations de la Paix d’Ypres, assez analogues à celles de la Trêve de Dieu. De plus, il fit rechercher tous ceux qui, durant la famine, s’étaient enrichis aux dépens du peuple. Ces mesures qui frappaient de puissants vassaux lui attirèrent des résistances; les coupables lui vouèrent bientôt une haine implacable. La famille de Bertoul, prévôt de Bruges, irritée des mesures prises par le comte pour arrêter le cours de ses injustices, forma le projet de l’assassiner. À ceux qui l’avertirent qu’un complot se tramait contre lui, Charles-le-Bon se contenta de répondre: «Nous sommes toujours environnés de périls; il suffit que nous ayons le bonheur d’appartenir à Dieu!»
Selon sa coutume, il continua de se rendre de grand matin à l’église Saint-Donatien, à Bruges, où il assistait aux saints Mystères. Bouchard, neveu de Bertoul, déguisé en mendiant, s’approcha de lui tandis qu’il était agenouillé dans la chapelle de Notre-Dame; au moment où le comte avançait la main pour tendre son aumône, le meurtrier lui trancha le bras d’un premier coup d’épée et, d’un second, lui fracassa la tête.
Ce crime, qui jeta l’épouvante dans toute la Flandre, fut perpétré le 2 mars 1127.
Vie des Saints pour chaque jour de l'année, à l'usage des Frères des écoles chrétiennes, Paris, Procure Générale, 1932