Vies des Saints
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Bouquet spirituel:

«Qui n'est pas avec Moi est contre Moi, et qui n'amasse pas avec Moi disperse»

S. Matth. 12, 30

6 mars

Saintes Perpétue et Félicité<br>et leurs Compagnons
Saintes Perpétue et Félicité
et leurs Compagnons

Saintes Perpétue et Félicité
et leurs Compagnons
Martyrs
(† 203)

Sous la persécution de Septime-Sévère, au début de l'an 203, on arrêta à Carthage quelques jeunes catéchumènes. Parmi eux se trouvaient Félicité, jeune esclave, récemment mariée, qui était enceinte, et une jeune femme de bonne famille, nommée Perpétue. Le récit de la passion de ces martyrs, a été écrit par elle-même. C'est une des plus belles pages des Actes des Martyrs de la Primitive Eglise.

Dès la mise en accusation de ces confesseurs, Perpétue subit les assauts répétés de son vieux père, demeuré païen. «Nous étions encore avec nos persécuteurs, raconte Perpétue, lorsque mon père vint faire de nouveaux efforts pour m'ébranler et me faire changer de résolution.

– Mon père, lui dis-je, vous voyez ce vaisseau de terre que voici. Peut-on lui donner un autre nom que celui qu'il a?

– Non.

– De même, je ne puis être autre que ce que je suis: je suis chrétienne.

À ces mots, mon père se jeta sur moi, furieux et confus de n'avoir pu vaincre ma résolution. Après cette scène, je fus quelques jours sans le revoir. Ce fut pendant ce petit intervalle que nous fûmes baptisés.»

Peu de temps après, les confesseurs furent jetés dans une prison ténébreuse et infecte, où néanmoins ils pouvaient recevoir des visites. La mère et le frère de Perpétue lui apportaient même son enfant, et jusqu'à la fin, elle put l'allaiter et l'embrasser. Quand on apprit qu'ils allaient passer en jugement, le père de Perpétue redoubla ses instance pour amener sa fille à renoncer à sa foi, allant jusqu'à se jeter à ses pieds. Ce qui affligeait le plus la jeune femme, c'était la pensée que seul de sa famille, son père ne se réjouirait pas de son supplice, mais demeurerait obstinément rivé à la terre. Tous furent alors condamnés à être livrés aux bêtes.

Dans l'enthousiasme, la foi de Perpétue était plus forte que les larmes de son père et les cris enfantins de son fils: Elle ne se possédait pas de joie. «Vivante, j'ai toujours été gaie; je le serai plus encore au ciel.»

Félicité, au contraire s'affligeait: la loi défendait de mettre à mort les femmes enceintes. Elle attendait sa délivrance et appréhendait de ne pas l'être avant les fêtes de l'amphithéâtre, quand, par la miséricorde divine, l'enfant vint au monde. Au milieu des douleurs de l'enfantement, il lui échappait quelques gémissements. Un geôlier la raillait en disant: «Que diras-tu en face des bêtes?» Félicité lui fit cette belle réponse: «Aujourd'hui, c'est moi qui souffre; alors il y en aura un autre qui souffrira pour moi, parce que je souffrirai pour lui.» Elle mit au monde une fille qu'une chrétienne adopta.

Lorsque les martyrs furent appelés à l'amphithéâtre, ils dirent au procurateur: «Tu nous juges maintenant; Dieu te jugera un jour.» On lâcha les bêtes; elles déchirèrent Saturnin et l'avocat Révocat liés ensemble sur une estrade, mais épargnèrent Saturus. On lâcha alors un léopard qui le mordit. Leur compagnon, Secondule, était mort dans la prison.

Quand à Perpétue et Félicité, enfermées dans un filet, elles furent exposées à la fureur d'une vache qui souleva Perpétue et la lança en l'air. La pudique chrétienne retomba sur les reins et eut pour premier souci de ramener les plis de son vêtement qui s'était déchiré. Se relevant, elle alla vers Félicité rompue par la violence de sa chute, la prit par la main et la remit sur ses pieds.

À un court instant de sympathie de la part des assistants succéda bientôt un violent accès de férocité et de soif du sang: la populace demanda que les trois survivants fussent achevés de la main du bourreau, non dans le spoliarium, mais au milieu de l'amphithéâtre. Dès que ceux-ci en furent informés, ils se levèrent malgré leurs blessures et se rendirent eux-mêmes au milieu de l'arène. On les vit se donner le baiser de paix et recevoir le coup de la mort sans faire le moindre mouvement et dans un solennel silence.

Ainsi tombèrent ces glorieux héros de l'Afrique chrétienne, le 7 mars de l'année 203.

J.-M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, 2e éd. Paris, 1946

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